Résumé : |
Où Daphné Du Maurier revisite, par la voie du roman, l'histoire d'une famille qui ne fut pas de tout repos : celle de ses ancêtres français. Une modeste demeure du Perche à la fin du XVIIIe siècle. On y est souffleur de verre de père en fils, et l'on s'en targue (la profession est quasi la seule qu'une famille de sang bleu ait le droit d'exercer). De là à se sentir un peu aristocrate, il n'y a qu'un pas : dangereux à franchir, ainsi que l'apprendront certains à leurs dépens. Ce sont les femmes, une fois de plus, qui règnent sur ce petit monde, qui en assurent en tout cas la cohésion - tandis que certains de ces messieurs, emportés par leurs rêves, sont prêts à commettre toutes les folies. Les Busson sont des gens sérieux, fiers de leur travail et d'être ce qu'ils sont ; des gens tourmentés aussi, ouverts aux idées nouvelles. Chacun dans la tribu ira son chemin, et l'un d'eux même ira loin : Robert, tôt monté à Paris, séducteur et volontiers crapule, agioteur dans la mouvance du duc d'Orléans (le futur Philippe-Egalité). Il échappera à la guillotine, fuira à Londres où il exploitera sans honte la misère des émigrés, finira par se faire appeler Busson du Maurier (du nom d'un vague lieu-dit propriété de la famille)... avant de retourner au pays pour des retrouvailles difficiles. Peu de romanciers français, depuis le Balzac des Chouans (et en mettant à part l'oeuvre si singulière de Robert Margerit), auront su rendre d'aussi trouble et complexe façon le climat de la France sous la Révolution. Sans doute fallait-il à cela une certaine prise de distance : Anglaise de naissance et d'éducation, mais secrètement Française par le coeur, Daphné Du Maurier aura su se placer d'emblée au bon carrefour celui où l'oreille aux aguets parvient à déchiffrer l'incompréhensible confusion des existences, ces condensés " de bruit et de fureur ". |