Résumé : |
Mort en 1867, à quarante-six ans, Baudelaire n'a pu publier un volume de poèmes en prose qu'il prévoyait d'intituler Le Spleen de Paris, " petit ouvrage " constitué de cinquante " petits poèmes en prose " qui offre un surprenant assemblage de textes lyriques et ironiques, où de petits récits étranges côtoient des paraboles énigmatiques. Malgré son esthétique révolutionnaire, ce " pendant " aux Fleurs du Mal est longtemps resté à l'ombre du volume de 1857. Fortement marqué par la lecture de Poe, le poète a tenu à programmer les réactions du lecteur. Le présent livre s'attache à explorer les stratégies logiques qui devraient assurer le bon fonctionnement (ou le dysfonctionnement) de l'interprétation de ces poèmes. Parfois " inintelligibles ou répulsifs ", de l'avis même du poète, ces poèmes proposent une " morale désagréable " nourrie par tout ce qui subsiste d'inquiétant dans la vie moderne : la mélancolie, l'acte gratuit, l'hallucination, l'obsession, le suicide, sans oublier la vie marginale des saltimbanques et des mendiants. Comme Flaubert, Baudelaire s'éloigne des méthodes expressives typiques du Romantisme : ses émotions et convictions sont exprimées de manière indirecte et seules des relectures minutieuses permettent d'en inférer la nature. Au-delà du dolorisme et du misérabilisme qui caractérisaient à l'époque la représentation de la misère (des pauvres et du poète), Le Spleen de Paris engage la pitié du lecteur, mais aussi sa cruauté. |