Résumé : |
André Maurois (1885-1967), romancier et historien, s'est fait une spécialité de la biographie romanesque.
Il a popularisé en France ce genre créé par l'Angleterre au XVIIIe siècle, et dont le modèle le plus connu reste La Vie de Samuel Johnson de James Boswell. Décriée par Proust, vilipendée par Valéry, méprisée par les nouveaux historiens, la biographie est sans doute le genre historique le plus répandu. Alliant l'art à la science, elle fait le pari - impossible - de combler le gouffre qui sépare les mots des réalités de la vie.
" Un grand livre scientifique, s'il est parfaitement réussi - écrit André Maurois -, est une œuvre d'art. Un beau portrait est, à la fois un portrait ressemblant et une transposition artistique de la réalité. Il est exact que la vérité a la solidité de la pierre et que la personnalité a la légèreté de l'arc-en-ciel, mais Rodin et, avant lui, les sculpteurs grecs, ont quelquefois su donner au marbre les courbes fugitives et les lumières changeantes de la chair ". Balzac, Hugo, les trois Dumas.
Géants des lettres françaises. Tempéraments débordant de vitalité et d'énergie. Œuvres monumentales. Mais qui sont ces créateurs de génie ? Des hommes cultivant leurs ambitions et leurs colères, vivant leurs passions et leurs haines, travaillant avec frénésie, parfois dans la joie, souvent dans la douleur. Tel Rodin, André Maurois façonne son Balzac, son Victor Hugo, ses Dumas. Statues colossales, figures exemplaires, pétries d'une solide documentation et animées par le souffle d'un grand écrivain capable de s'identifier à ses modèles : " Le biographe se fait semblable à son héros pour essayer de le comprendre ".
Et le lecteur ? Réponse d'André Maurois : " Le lecteur se fait semblable au héros pour essayer d'agir comme lui ". |