Résumé : |
Elle fut scandaleuse ou provocante, la vie de Sidonie-Gabrielle Colette, née en 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), morte à Paris en 1954, dont la jeunesse a été trop souvent présentée comme celle de la " femme-enfant d'un viveur de la Belle Epoque qui l'exploitait et l'enfermait pour écrire des livres qu'il signait ".
Les auteurs font d'abord un tableau très pittoresque de sa famille d'origine martiniquaise, notamment de sa mère, la célèbre et saisissante Sido, qui, élevée entre Paris et Bruxelles dans un milieu à la fois libéral, avant-gardiste, mondain et surtout fouriériste (Victor Considérant étant son ami), est le personnage clef sans lequel on ne peut comprendre le sensualisme de Colette, l'audace de ses romans, sa bisexualité affichée, "son inaptitude, dira Cocteau, à départir le bien et le mal".
Claude Francis et Fernande Gontier, qui ont déjà fait leurs armes avec Simone de Beauvoir, ont écrit une biographie pénétrante, alerte et ultra-informée de cette extraordinaire personnalité dont la vie privée et l'oeuvre sont absolument indissociables. Mariée à vingt ans à Henry Gauthier-Villars (trente-trois ans), dit Willy, esthète, viveur, critique en vogue, Colette ne tarde pas à se faire connaître.
Danseuse, mime, actrice, n'hésitant pas à exhiber ses seins, journaliste, grand écrivain des Claudine qui font fureur et dont on sait peu à peu que le signataire Willy n'est pas l'auteur, Colette lance les modes, est curieuse de tout (elle fait même de la boxe!), vit de scandale en scandale et révise par la pratique et par la plume les concepts du mariage, de la sexualité et de la maternité. Ses relations amoureuses et orageuses avec Willy, ses aventures homosexuelles (notamment avec Mathilde de Morny, Marguerite Moréno, la princesse de Polignac, la Belle Otéro) et hétérosexuelles, son deuxième mariage avec Henry de Jouvenel, sa liaison mi-incestueuse avec son jeune beau-fils Bertrand de Jouvenel nourrissent la chronique en même temps que son oeuvre.
Si sa conduite est souvent stigmatisée, son génie littéraire est très tôt célébré, même si ses romans suscitent des mises en garde. A l'approche de la soixantaine et bientôt remariée avec Maurice Goudeket, plus jeune qu'elle de quinze ans, pourvue de la rosette de la Légion d'honneur, elle se souciera de respectabilité et ses dernières années seront dominées par sa passion pour les bêtes et pour la nature.
Ayant réexaminé tous les événements de sa vie, consulté les archives coloniales, régionales, notariales et tous les documents la concernant, les auteurs rejettent tous les stéréotypes et livrent une Colette plus ambiguë, plus amorale, plus complexe et plus géniale que sa légende. |