Résumé : |
Notices bibliographiques
Jean Bottéro. — La religion babylonienne, Presses Universitaires de France, « Mythes et religions » 30, Paris, 1952, 1 vol. de vin-151 p., prix : 300 fr. — Comme le rappelle M. E. Dhorme dans la Préface qu'il a écrite pour ce livre, l'auteur est un assyriologue éprouvé, connu des spécialistes pour son édition* des textes de Qatna et pour sa collaboration au déchiffrement des tablettes de Mari ; aussi trouvera- t-on dans son livre abondance de renseignements sûrs et précis sur la religion babylonienne (que l'on se reporte en particulier au chapitre très dense consacré au panthéon), et aussi de nombreux textes dans une traduction nouvelle, souvent pleine de saveur. Mais, à nos yeux, le principal mérite du livre est dans la conception même du sujet et dans la façon très pertinente dont sont traités les phénomènes religieux. Loin d'être simplement descriptif, l'exposé est fait presque entièrement en considération d'un problème historique de grande ampleur : dans quelle mesure la religion des anciens Sémites de Mésopotamie reste-t-elle sémitique, et dans quelle mesure ces Sémites venus du désert et de la vie nomade ont-ils accepté, avec bien d'autres choses, la religion des Sumériens qu'ils supplantaient peu à peu en Mésopotamie ? Sans doute, il est impossible de résoudre complètement ce problème tant que l'on ne dispose pas d'une bonne étude de synthèse sur la religion sumérienne ; du moins peut-on définir avec une certaine précision les caractères fondamentaux de la religion commune aux anciens Sémites : vive conscience de la personnalité du divin et de sa présence, sentiment très fort de son absolue maîtrise sur les êtres comme sur les choses, et tout spécialement dans le domaine de la vie morale. M. Bottéro montre que la religion des Babyloniens a gardé très souvent les formes, presque immuables, de la religion sumérienne (le sumérien reste langue liturgique jusqu'à l'époque séleucide), mais qu'elle a conservé aussi et même développé de plus en plus son esprit sémitique : de forces naturelles qu'ils étaient surtout pour les Sumériens, les dieux tendent de plus en plus à devenir des forces morales « prenant à leur charge tous les impératifs de la vie sociale et de l'éthique ».
Le livre ne révèle pas seulement un sens très aigu des problèmes historiques ; on y découvre aussi un esprit très averti des problèmes relatifs à la nature des phénomènes religieux. |