Résumé : |
Les lecteurs de son noir western « Méridien de sang » et de ses extraordinaires peintures de désolation désertiques pouvaient déjà pressentir que le grand écrivain américain Cormac Mc Carthy était voué à écrire un jour un roman post-apocalyptique. Avec La route, c’est désormais chose faite, si bien faite, d’ailleurs, que le livre a valu a son auteur le Prix Pulitzer (le Goncourt Américain). Son histoire tient en peu de mot : sur une terre réduite en cendres par un cataclysme que l’on imagine nucléaire et sur laquelle le soleil ne brille plus, un homme et son fils progressent vers le sud pour fuir l’hiver, avec pour valise un caddy de supermarché. L’homme porte en lui les souvenirs du monde détruit, de sa femme suicidée, et ne se maintient en vie que pour son enfant. Celui-ci, qui doit approcher la dizaine d’année, est né juste après la catastrophe. Lui n’a jamais connu que ces paysages morts, ces prairies ou l’herbe ne repoussera jamais, ces maisons qu’ils fouillent en quête de nourriture et ces villes semées de cadavres suppliciés qu’ils traversent. Alors, comment l’enfant pourrait-il croire son père quand il lui parle des oiseaux d’antan ? Comment pourrait-il l’écouter lorsqu’il lui affirme qu’il existe sûrement d’autres « gentils » comme eux, quand les rares vivants qu’ils croisent sont au mieux, des réfugiés mourants ou des voleurs affamés, au pire, des bandes cannibales qui stockent leur bétail humain dans des caves ? Avant d’être un récit futuriste, La route est une histoire existentielle, qui tient tout entière dans la relation père-fils et la façon dont ils se confrontent aux atrocités. Et comme Bradbury en son temps avec Chroniques Martiennes, Mc Carthy a su sublimer les canons de la science-fiction pour faire de son roman bien plus qu’un moyen d’évasion : un objet de méditation, à l’écriture digne d’un poème en prose. |