Résumé : |
«La première des passions, pour Descartes, est l'admiration. Un objet nous surprend, différent de ce que nous connaissions, ou de ce que nous supposions qu'il pouvait être : Cela fait que nous l'admirons et en sommes étonnés. Saint-Simon ne s'inspire de personne, ne ressemble à rien, et n'a pas de disciple. Il traverse seul la littérature française, dont il n'aurait pas même souhaité faire partie. Il écrit comme il lui chante, comme il lui plaît, comme s'il savait que se moquer de toutes les règles est la condition de l’œuvre d'art : il faut inventer, ce qu'il faisait. À le fréquenter assidûment, on découvre qu'il n'est pas l'attardé qu'on a dit : il vivait sous une monarchie héréditaire, et a discerné, seul de son temps, les contradictions et la faille qui inévitablement amèneraient sa ruine. Il a compris aussi que cela n'avait guère d'importance, et que la vérité est ailleurs. Notre époque qui est communautaire, et donc marquée par le conformisme, a beaucoup à apprendre de lui : c'est l'homme du contre-pied. On a beau le lire et le relire, pendant vingt et trente ans, on reste étonné. C'est pourquoi il me semble admirable.»José Cabanis. |