Résumé : |
" Dépassé par l'ampleur de ma tâche, je demandai désespérément un assistant. La presse sur place comptait une cinquantaine d'âmes, si on estime que les journalistes ont une âme. Je ne parvenais pas à leur donner à tous l'impression d'être aimés et indispensables. Le problème de Trieste pesait sur nous, avec la redoutable éventualité de voir un conflit éclater là-bas. Seule la propagande, m'avait-on dit, pouvait maintenir l'équilibre et permettre de ne voir éclater que des pétards. Je réclamai de l'aide au Foreign Office. Elle arriva avec la rapidité et l'efficacité qui sont traditionnelles dans le service diplomatique. Au bout de deux mois, mon onzième télégramme éveilla quelque part un écho compatissant et on m'annonça qu'Edgar Albert Ponting était en route. Ce fut un immense soulagement ; mes efforts de fraternisation avec la presse avaient à cette époque fait monter le niveau de ma consommation d'alcool à trente slivovitza par jour. Bientôt, Ponting serait à mes côtés, à lever le coude suivant ce rythme régulier qu'acquièrent si facilement les chargés de presse de par le monde. Je portai un toast d'Alka Seltzer à Ponting et je me fis apporter le dossier " Affaires urgentes ". " Esprit de corps est le premier d'une série de récits inédits consacrés aux mésaventures de la communauté diplomatique de Sa Très Gracieuse Majesté, la reine d'Angleterre, en Yougoslavie. Lawrence Durrell y fut Attaché d'Ambassade. Il nous en restitue l'atmosphère et les extravagances avec une irrésistible drôlerie. Un vrai régal.
|