Résumé : |
« René Girard est mort dans la semaine qui précéda les attentats du 13 novembre 2015. Il avait écrit : « La violence essentielle revient sur nous de façon spectaculaire, non seulement sur le plan de l'histoire, mais sur le plan du savoir. » L'auteur de La Violence et le sacré n'est pas un prophète de malheur. Sa pensée donne forme et sens à notre avenir. Il nous faut réentendre sa voix.J'ai dû répondre au choc qu'ont été ces événements conjoints : la mort d'un maître et d'un ami, et les horreurs parisiennes. Ces deux réalités constituent une énigme où se confrontent l'invisible et le monstrueux, le secret et le sacré, l'élégance et l'obscénité. Elles m'ont forcé à évoquer les « derniers jours » : ceux de René Girard et la fin des temps qu'il pensa dans son ?uvre. Beaucoup se sont mépris sur son pessimisme. L'annonce d'un démembrement du monde révélait moins la mélancolie d'un romantique que le Royaume entrevu un soir d'été en Avignon ou dans le silence parfumé de Stanford. J'ai voulu rendre présent ce non-violent fondamental avec qui j'ai travaillé quinze ans, qui fut drôle et discret, dont l'espérance était profonde. La parole est vivante. La sienne et celle des textes qu'il sut génialement interpréter. L'Evangile, Shakespeare, Stendhal ou Proust garderont longtemps pour moi l'accent du Midi. »B. C. |