Résumé : |
Premier tome (sur 3) des mémoires du célèbre avocat anti-gaulliste : l'adolescence, les procès Philippe Pétain, Robert Brasillach, Louis Renault, etc. "La passion a dominé ma vie. Celle-ci s'achèvera, riche de combats et d'émotions, ma seule richesse, avec tous ces souvenirs que j'en garde, presque toujours exceptionnels, et qui parfois encore me hantent, douloureusement. Des vivants et des morts se sont emparés de tout mon être. Ils m'ont poursuivi et ils demeurent en moi. Je leur ai voué les sentiments les plus forts et les plus contradictoires. J'ai aimé et detesté dans de graves circonstances. Je n'ai pas le droit de l'oublier. J'ai abordé la politique non pas en quittant mon métier, mais en l'exerçant. Il m'a conduit à elle par la violence des événements, en l'exerçant. Il m'a conduit à elle par la violence des événements, par les combats les plus divers contre les pouvoirs au nom de la conception que je me suis faite de la justice. Ma force a été d'être toujours du côté des prisonniers, quels qu'ils soient, s'ils me demandaient de les assister. Ma fierté sera d'être demeuré libre, encore que la liberté ait été pour moi un risque grave dans un pays où elle est conçue comme la nôtre. Elle m'aura permis d'être, pendant quarante ans, sans que je l'eusse cherché, le témoin de choses exécrables et criminelles, que je n'ai pu empêcher. Elles s'accomplissaient sous le masque de la Justice, parfois vêtue de robes rouges ou de défroques militaires. J'ai alors pensé que c'était un devoir pour moi de témoigner. Avant de poser définitivement la plume dont j'ai peut-être abusé, je désire donc écrire, contre l'indifférence et l'oubli, ce que fut ma destinée mêlée à tant d'autres. Mon existence s'est déroulée dans un continuel contresens ; exilé à l'intérieur de mon propre pays, et, dans le temps qui reste devant moi, je ne sais si je reviendrai jamais de cet exil qui ne dit pas son nom. Le sort a voulu que je ne fusse qu'un marginal dont la ligne, cependant, aura été toute droite." (Jacques Isorni)
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